Deux stades à Nantes : une lubie pour A La Nantaise

13 novembre 2018 à 5h22 par Dolorès CHARLES

Le projet Yellopark avec deux stades à Nantes. L'association A la Nantaise demande un moratoire.

HIT WEST
Le stade de la Beaujoire
Crédit : Dom Lemonnier

Deux stades à La Beaujoire ! C'est la solution envisagée par la Ville de Nantes. Le projet YelloPark qui prévoyait la construction d'un parc immobilier (1500 logements) et d'un nouveau stade de 40.000 places pour le FC Nantes a été abandonné. Exit les logements, mais le nouveau stade sera bien construit, entièrement avec des fonds privés. Deux enceintes côte à côte dans une ville comme Nantes, c'est une absurdité selon Florian Le Teuff président de l'association de supporters du club « A la Nantaise ». Il préfèrerait une rénovation de La Beaujoire, qui sera donc conservée pour d’autres clubs sportifs.

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"A Nantes aujourd'hui, le club de rugby le Stade Nantais évolue en troisième division devant moins de 2000 personnes. On a vraiment le sentiment que ce stade de La Beaujoire, s'il n'est plus utilisé, va devenir un cimetière. Et qui va devoir financer ce choix ? C'est le contribuable. L'exemple de Paris donné par nos élus avec les stades du Parc des Princes et celui de Charléty n'est pas bon. On tombe des nues. On se met à comparer l'agglomération nantaise de 700 000 habitants avec celle de Paris qui en compte des millions. Avoir deux stades côte à côte, ça n'a aucun sens."

Florian Le Teuff avec Alexis Bédu, demande donc un moratoire. « Il n'est pas possible de décider de transformer en cimetière le plus vaste équipement public de l'agglomération. » [ci-dessous communiqué complet].

Florian Le Teuff & Berdje Agopyan architecte de la Beaujoire (Alexis Bédu).

Ces décisions feront l’objet d’une délibération lors du prochain Conseil métropolitain le 7 décembre !

[Communiqué complet]

Deux stades aux normes internationales côte à côte ? nous demandons solennellement un moratoire aux élus de Nantes Métropole

Les raisons cachées de la fin de YelloPark
Absence de mise en concurrence, biens publics (stade et foncier) bradés, non conformité avec les règles d'urbanisme, démolition d'un jeune édifice fonctionnel protégé par la propriété intellectuelle... Tous les clignotants étaient au rouge et nos juristes avaient fait savoir publiquement que YelloPark était une poudrière : l'opération, une fois validée par les élus, était condamnée à l'explosion, à un an et demi des élections municipales. Sous la pression du propriétaire du FC Nantes qui exige de la présidente de la Métropole qu'elle lui permette de bénéficier de sa propre enceinte, une alternative saugrenue a été improvisée : deux stades de même capacité se tiendraient face à face, sans justification sportive. La France entière rit aux éclats. Alors que la tendance, en Europe, est à la modernisation des équipements existants, le site de la Beaujoire comptera-t-il trois stades dans 35 ans... quatre stades dans 70 ans...

Double stade ? Le contribuable serait matraqué pour enrichir un acteur privé
« Le stade de la Beaujoire conservera une vocation sportive qui reste à définir », a-t-on appris vendredi. Du rugby ? Le Stade Nantais évolue en troisième division, devant moins de 2000 personnes. Les féminines du FC Nantes ? Le public se résume hélas à quelques centaines de passionnés. Le contribuable a aujourd'hui comme unique certitude que cette décision farfelue provoquera de nouvelles charges qu'il devra assumer. Au profit de qui ? Waldemar Kita, dans le journal L'Equipe du 19 octobre dernier, a lui-même résumé la situation : un nouveau stade lui permettra de créer de la valeur financière afin de réaliser une formidable plus-value au moment de la vente du FCN.

D'autres solutions existent et seront dévoilées le 21 novembre
Le stade de la Beaujoire est un édifice jeune (34 ans seulement), conçu pour être évolutif. Il est complètement absurde de comparer les coûts de sa modernisation à ceux du stade Geoffroy-Guichard à Saint-Etienne (un stade inauguré en 1931, avant Marcel-Saupin !) ou de la Meinau à Strasbourg (un stade qui n'a pas connu de réhabilitation à l'occasion de la coupe de football 1998 ou de rugby 2007, à l'inverse de la Beaujoire). Pour des sommes raisonnables, et grâce à des solutions ne demandant rien au contribuable (redéfinir les flux financiers entre le FCN et la collectivité, parmi tant d'autres solutions de bon sens), le stade de la Beaujoire peut sans difficulté satisfaire aux exigences du football du XXIe siècle. C'est ce qui sera démontré à l'occasion d'une réunion publique le mercredi 21 novembre, en présence de l'architecte qui a conçu l'édifice.

Rien ne presse : le passage en force est inadmissible
Nos élus doivent cesser d'instrumentaliser les propos des organisateurs des compétitions internationales. C'est bien la candidature du stade de la Beaujoire qui a été retenue pour la coupe du monde de rugby en 2023 et pour les JO en 2024. « Le stade de la Beaujoire convient tout à fait aux critères techniques, logistiques, de transports etc. du COJO et à l’enjeu d’une présence de Paris 2024 dans le Grand Ouest⬯», a déclaré un haut responsable du comité d’organisation des JO (Médiacités Nantes, 5 octobre dernier). « Quand on a déposé le dossier de candidature, le projet YelloPark n’existait pas et on a discuté sur la base de la Beaujoire », a précisé Claude Atcher, directeur général de la Coupe du monde de rugby (Ouest-France, 9 novembre dernier). Rien ne peut justifier le fait d'acter si précipitamment (Conseil métropolitain du 7 décembre, comme cela est actuellement envisagé) le principe d'une vente de 8 hectares de foncier public. Comment le contribuable pourrait-il l'accepter alors que le prix de ladite cession ne sera connu que l'année prochaine?

Nous demandons solennellement un moratoire
Une concertation a débuté depuis un peu plus de huit mois afin de débattre au sujet du projet YelloPark, désormais annulé. A aucun moment, au cours de cette concertation à laquelle nous avons participé avec assiduité, le cas de figure selon lequel deux stades se tiendraient côte à côte n'a été envisagé. Annoncé il y a trois jours, ce projet clownesque crée déjà la polémique et provoque l'hilarité partout dans le pays. Il n'est pas concevable de décider, sur un coup de tête, de transformer en cimetière le plus vaste équipement public de l'agglomération. Aussi demandons-nous solennellement un moratoire aux élus métropolitains afin de prendre le temps de la réflexion et d'une concertation sereine concernant l'opportunité de ce nouveau projet, avant toute décision qui pourrait s'avérer être désastreuse pour les finances publiques.

« Il n'y a pas d'alternative à YelloPark », avait affirmé Pascal Bolo, élu métropolitain en charge du sport professionnel, il y a près d'un an (Presse-Océan du 2 décembre). Pourtant, ce projet est aujourd'hui annulé et remplacé par une alternative qui réussit le tour de force de provoquer encore plus de questionnements et d'incertitudes. D'autres solutions existent, bien évidemment. Nous remercions nos élus de faire prévaloir le bon sens et de répondre dans les meilleurs délais à notre demande de moratoire.

Le bureau de l'association A la nantaise."