Fin de l'aide au maintien : la grogne monte chez les agriculteurs bio

3 octobre 2017 à 5h51 par Alexandra BRUNOIS

La grogne monte chez les agriculteurs bio... L'Etat vient d'annoncer qu'il allait se désengager des aides au maintien. Ces aides financières permettent de soutenir les agriculteurs bio pendant 5 ans, après leur conversion. Le gouvernement estime que devant le succès des produits bio et leur valeur, c'est donc au marché de soutenir le maintien de l'agriculture biologique.

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Crédit : Yann Launay

Un raccourci sans lien avec la réalité du terrain, pour Patrick Guillerme. Eleveur laitier à Theix, près de Vannes, Patrick Guillerme est aussi président de la Fédération régionale des agriculteurs bio.
 
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"Après une conversion en bio, vous allez moins produire, ce sera plus exigeant en main d'oeuvre : tout ça a un coût."
 
Une décision particulièrement injuste, aux yeux de Patrick Guillerme. Pour lui, l'agriculture biologique, c'est beaucoup plus qu'une production d'aliments : soutenir financièrement les agriculteurs bio après leur conversion, c'est préserver l'environnement, préserver la santé des consommateurs et des producteurs... Et c'est au final faire des économies... sachant que l'aide au maintien représente souvent autour de 10 000 euros par an pour une exploitation. Pour Patrick Guillerme, il faut donc aussi voir dans ces aides un investissement bien placé!
 
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"On peut prendre l'exemple de l'eau : cela va coûter 10 fois plus cher de traiter l'eau que l'on aura laissée se polluer par les pesticides, engrais chimiques et autres, que de faire un périmètre de capatage autour d'une source, en passant ces terres-là en agriculture biologique. La prévention coûte beaucoup moins cher que le curatif".
 
Ce sont les régions qui prendraient le relais de l'Etat, après 2018, pour le versement de ces aides... Problème, pour Patrick Guillerme : les aides risqueront de varier d'une région à l'autre, et ne seront pas forcément à la hauteur des aides de l'Etat...
 
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"En fonction de la majorité régionale, en fonction de sa sensibilité, du poids des lobbies au sein de la région, les situations peuvent être très diverses."

Si l'Etat ne revient pas sur sa décision, une manifestation est envisagée début novembre.

Un reportage de Yann LAUNAY