Un "aquatextile" a été installé à Plourin-les-Morlaix, mais qu'est-ce que c'est ?

23 avril 2024 à 16h52 - Modifié : 23 avril 2024 à 16h56 par Dolorès CHARLES

Aquatextile
Aquatextile
Crédit : Yann Launay

Direction Plourin-les-Morlaix dans le Finistère (29) pour prendre connaissance d'un projet écologiquement vertueux de la voirie. Un bassin granulaire a été installé pour récupérer les eaux de ruissellement lundi (22 avril) : un "aquatextile" dépolluant nommé "GeoClean", qui va envelopper la surface du bassin sur 960 m² pour traiter les eaux potentiellement contaminées.

Dépolluer l'eau de ruissellement  grâce aux bactéries : c'est le principe du système en cours d'installation sur le chantier d'un futur lotissement, à Plourin-Lès-Morlaix, dans le Finistère. La société française Tencate a mis au point un "aquatextile"qui permet de filtrer l'eau des voiries, chargée en hydrocarbures, et de dégrader cette pollution pour rendre une eau propre au milieu naturel, directement sur place. Le textile ne fait que quelques millimètres d'épaisseurs, il peut être installé sous un parking ou dans un bassin de rétention d'eaux de pluie. Si cette solution a été retenue à Plourin, c'est pour protéger la zone humide toute proche.

Comment agit cet "aquatextile" ?

Selon Grégory Lucas, ingénieur d'affaires pour la société Tencate Aquavia, cet "aquatextile" est constitué d'une couche bleue, qui va capter la pollution aux hydrocarbures, et va permettre aussi aux micro-organismes du sol de coloniser ce produit pour venir biodégrader les hydrocarbures préalablement fixés. On compte sur les micro-organismes natifs du sol pour venir se nourrir de ces hydrocarbures. On estime que dans à peu près un gramme de sol, vous avez 1 milliard de bactéries. Certaines sont consommatrices de matières organiques ce que sont les hydrocarbures, et c'est cette catégorie de micro-organismes qu'on vise... Pour cela, on a des nutriments naturels, qui sont dans nos fibres de l'aquatextile, qui vont permettre, lorsqu'ils sont ingérés par ces micro-organismes, de développer leur croissance plus rapidement qu'au naturel."

Grégory Lucas, ingénieur d'affaires pour Tencate Aquavia
Crédit : Yann Launay

"Cette eau peut aller recharger les nappes phréatiques, sans pour autant les polluer des hydrocarbures qu'elle transporte"

Le textile capte et retient les polluants, et favorise également le développement de bactéries qui les dégradent. Il a fallu une dizaine d'années pour mettre au point ce textile "magique", conçu et fabriqué en région parisienne. Il a été utilisé sous le parking du village olympique, à Saint-Denis... et vient donc d'être installé dans le bassin de rétention de ce futur lotissement de Plourin-lès-Morlaix. "On creuse un trou d'à peu près 2m de profondeur que l'on tapisse "de l'aquatextile". Ce trou est ensuite remblayé c'est à dire qu'il est rempli de granulats de carrières. L'eau se stocke dans ce massif granulaire, et va s'infiltrer au fur et à mesure du temps dans le sol. Ce massif granulaire est là pour stocker provisoirement l'eau de pluie... ensuite, l'eau passant au travers de "l'aquatextile", va s'infiltrer dans le sol existant. Cette eau peut aller recharger les nappes phréatiques, sans pour autant les polluer des hydrocarbures qu'elle transporte."

Grégory Lucas, ingénieur d'affaires pour Tencate Aquavia
Crédit : Yann Launay
Grégory Lucas, ingénieur d'affaires pour Tencate Aquavia
Grégory Lucas, ingénieur d'affaires pour Tencate Aquavia
Crédit : Yann Launay

Un choix écologique et économique

Les communes sont de plus en plus nombreuses à s'intéresser à cette solution. Un choix retenu pour protéger l'environnement, et un choix qui tient aussi la route économiquement selon Grégory Lucas, de la société Tencate Aquavia. "Ce n'est pas forcément plus cher que les bassins de rétention classique, puisque cette solution vient remplacer les solutions traditionnelles, qui avaient déjà un certain coût et surtout un coût d'entretien. On est sur un produit qui peut en moyenne coûter à peu près 20 % moins cher qu'une solution traditionnelle à la mise en œuvre. O se rend compte que d'infiltrer les eaux pluviales, c'est une certaine économie pour la collectivité qui n'a plus besoin de créer des réseaux souterrains de canalisations, qui récupèrent ces eaux puisqu'elles s'infiltrent directement dans le sol. Vous avez aussi une moins value, une économie intéressante à ne plus mettre de tuyau dans le sol et à ne plus avoir l'entretien de ces tuyaux."

Grégory Lucas, ingénieur d'affaires pour Tencate Aquavia
Crédit : Yann Launay

Le fabricant assure que son textile dépolluant fonctionnera pendant une centaine d'années, sans entretien.